Six questions à Ranj Pillai (2012)
Vice-premier ministre, gouvernement du Yukon
Après être passé de résident yukonnais à vice-premier ministre du Yukon responsable de l’économie en moins de 12 mois, comment votre vie a-t-elle changé ?
Les choses ne sont plus les mêmes pour moi. Je dois être constamment concentré, et il s’agit d’un mode de vie plutôt que d’un emploi ou d’un projet. La pression et le rythme de travail quotidiens sont plus soutenus que lorsque j’occupais mes postes précédents. L’économie du Yukon affiche la pire performance économique au pays, et on attend du ministère du Développement économique qu’il trouve des moyens de diversifier notre économie et de consolider des secteurs-clés. Les rôles de ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources, de ministre du Développement économique et de ministre responsable de la Société de développement du Yukon et de la Société d’énergie du Yukon comportent diverses tâches. L’une d’entre elles, complexe, consiste à exercer le leadership nécessaire pour déterminer puis bâtir une infrastructure qui dynamisera la croissance économique. Mes journées sont donc longues et éreintantes, mais aussi très stimulantes. Je n’en suis qu’au début de ma mission, et je me réveille chaque jour en me sentant honoré d’avoir l’occasion d’assumer ces grandes responsabilités pour le Yukon.
Qu’est-ce qui vous a poussé à poser votre candidature ?
La sphère politique m’a toujours intéressé et je m’y suis investi de diverses façons, tant au conseil étudiant de mon école secondaire qu’au sein de conseils d’OSBL, du comité d’écoles ou de l’administration municipale. Je me consacre depuis des années à la stratégie politique, et voyant la conjoncture politique du Yukon, j’ai décidé qu’il était temps de poser ma candidature pour être député à l’Assemblée législative. Je croyais que si j’étais élu, je pourrais travailler avec des dirigeants des Premières Nations ainsi que des gouvernements fédéral et municipaux afin d’apporter de grands changements au Yukon. J’imaginais des partenariats respectueux et de nouvelles approches en matière d’économie collaborative. Je souhaitais prendre part à la construction de notre avenir.
Estimez-vous, en tant que dirigeant politique chevronné et que premier membre d’une minorité visible élu au Yukon, que des responsabilités spéciales vous incombent ?
Je crois que ma première responsabilité est de montrer aux gens issus de divers milieux socioculturels qu’en travaillant sérieusement et avec détermination, qu’on ait pour objectif de faire sa marque dans le secteur privé ou public, rien n’est impossible. J’ai été fier d’avoir saisi l’occasion de déposer et de défendre le premier projet de loi antiracisme et anti-discrimination au nord du 60e parallèle pendant mon mandat au gouvernement municipal. Je militerai toujours pour le traitement équitable de tout être humain.
L’expérience de la CCGGL vous a-t-elle encouragé et aidé à faire la transition de l’entreprise à la vie politique ?
En fait, c’est tout le contraire. Une fois la Conférence terminée, j’ai décidé de m’éloigner de la politique et de travailler à améliorer mes aptitudes au leadership dans le milieu de l’entreprise. Je me suis engagé dans quelques projets dans les sphères de l’investissement en capital et de l’exploitation minière. Par contre, la Conférence m’a préparé à ce que je fais maintenant. Elle m’a montré comment un haut dirigeant peut accomplir efficacement des actes constructifs aux effets durables. Le fait de pouvoir observer Annette Verschuren, présidente de la Conférence 2012, chaque jour m’a beaucoup servi. Elle et moi avons grandi dans des collectivités situées à une heure de route l’une de l’autre, avons vécu les mêmes expériences et connu les mêmes défis en milieu rural canadien.
Quel conseil donneriez-vous aux anciens de la Conférence qui songent à se lancer en politique ?
Réfléchissez sérieusement et longuement aux défis et aux occasions qui se présenteront et prenez en considération le fait que vous n’aurez plus de vie privée. Analysez avec soin tout ce que cela implique. Vous devez également accepter le fait que vous travaillerez d’arrache-pied et ne pourrez pas passer autant de temps que vous le souhaiterez avec les êtres qui vous sont chers. Si vous n’avez pas changé d’avis une fois que vous aurez songé à tout cela, téléphonez-moi. Nous irons prendre un café ensemble avant que vous preniez votre décision.
Quelle a été pour vous la chose la plus mémorable lors de la Conférence 2012 ?
Je n’oublierai jamais la cérémonie de clôture. J’étais si fier de ce que notre groupe d’étude Ontario 2 avait accompli. Nous mangions tous ensemble ce soir-là et je me souviens que j’admirais le panorama sur la Colline du Parlement en me disant que j’avais de la chance et que j’étais très attaché à ce formidable pays qui est le nôtre.
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