Six questions addressées à Julia Rivard (2012)
Cofondatrice et directrice du marketing, Squiggle Park
Je crois que vous pourriez être décrite comme une entrepreneure en série. Qu’est-ce qui vous permet de toujours réussir vos projets de nouvelles entreprises?
Je ne suis pas certaine à partir de quel moment vous traversez dans la catégorie « d’entrepreneure en série », mais après le démarrage de 6 entreprises, j’en suis venu à réaliser que le lancement est la partie facile. C’est la persévérance qui mène au succès, c’est ce qui prend du temps. En plus de la persévérance, je dirais que les 3 éléments suivants sont pour moi des facteurs de réussite essentiels:
1. La capacité à surmonter les hauts et les bas émotionnels, et continuer à avancer.
2. La capacité de travailler sans relâche et intelligemment.
3. Savoir comment attirer les meilleures personnes pour vous aider à aller plus loin et atteindre vos objectifs plus rapidement.
Vous étiez une athlète olympique, un accomplissement incroyable en soi, mais il a fallu vous y prendre à deux reprises. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes passée de la natation au canoë-kayak?
Quand j’étais au secondaire, je m’entraînais en tant que nageuse de niveau national. Depuis l’âge de 6 ans, je rêvais d’être un jour une nageuse olympique. Malheureusement, je me suis fracturée la colonne vertébrale au secondaire lors d’une descente en ski. Il m’a fallu plusieurs mois pour me rétablir et durant cette période, mes compétiteurs ont eu suffisamment de temps pour me surpasser, et d’éliminer selon moi mes chances de devenir un jour une nageuse olympique.
Une fois rétablie, j’ai réalisé que j’avais toujours d’excellentes aptitudes physiques, et que mon désir d’être une athlète élite me permettrait de passer à un nouveau sport, et de progresser rapidement à un haut niveau.
À cet effet, on m’a initié au kayak à North Bay, en Ontario, durant le mois de Mars. Nous allions à la rivière et devions briser la glace pour que nous puissions pagayer. Je suis immédiatement tombée en amour avec ce sport et j’ai décidé dès cet instant que je ferais tout pour participer aux championnats nationaux. Après six mois d’entraînement, j’ai réussi à participer aux championnats nationaux canadiens, en plus de remporter une médaille de bronze contre les meilleures dames au pays. Ce résultat m’a motivé à vouloir me qualifier pour les Jeux olympiques et quatre ans plus tard, j’ai représenté le Canada aux Jeux olympiques de 2000 à Sydney, en Australie.
Sheryl Sandberg, COO chez Facebook, mentionne que les femmes leaders ont besoin « d’aller de l’avant ». Que pensez-vous qu’elle veut dire – et êtes-vous d’accord?
Le livre explore plusieurs sujets tels que l’équité, les opportunités, la maternité, le succès mais en fin de compte, ce que je retiens du livre est que les femmes devraient aborder les possibilités avec la confiance qu’ils ont ce qu’il faut pour atteindre le succès. La confiance est le concept clé. Sans elle, les femmes, ou quiconque d’ailleurs, ne peuvent pas atteindre le succès et avec elle, vous pouvez aller plus loin que vous ne l’aviez imaginé. Mais la confiance est fragile et infidèle. Elle peut vous laisser tomber quand vous en avez le plus besoin. Selon moi, « Aller de l’avant » demande aux femmes d’utiliser la confiance à leur avantage, à la fois personnellement et professionnellement, pour réaliser leur plein potentiel.
Vous étiez membre de la CCGGL en 2012 et êtes demeurée impliquée depuis. Quel impact est-ce que ce que la Conférence a eu sur vous?
La Conférence fut une expérience exceptionnelle pour moi. Ce fut l’un des événements marquants dont je me remémorerai toujours et qui continuera à définir la personne que je suis maintenant. Le simple fait d’avoir été sélectionné en tant que membre d’un tel groupe de gens exceptionnels est une affirmation en soi que vous avez accompli quelque chose qui mérite d’être reconnu. De plus, l’opportunité de rencontrer des leaders avec des expériences différentes des miennes a grandement enrichi ma vision des choses. L’occasion pour chacun d’élargir ses horizons et de s’ouvrir à de nouvelles façons de penser fut un cadeau en soi et cela représente l’impact que la Conférence a eu sur moi.
Je suis d’ailleurs resté en contact avec l’organisation par le biais de commentaires sur des façons de garder les anciens connectés, et mon équipe à Norex, a developpé un portail des anciens de la CCGGL permettant d’héberger les coordonnées de tous les anciens des éditions précédentes. Je suis aussi restée en contact avec les membres de mon groupe d’étude (équipe Bison) via Facebook, et en personne lorsqu’il est possible. Ce groupe fera toujours partie de ma vie.
Pouvez-vous nous parler de votre défi le plus récent en tant que leader en technologie?
Au début de l’année 2016, je me suis joint à mon partenaire d’affaires Leah Skerry dans une nouvelle start-up appelée Squiggle Park dans le but d’améliorer l’alphabétisation en développant des jeux vidéo pour les enfants allant de la prématernelle à la 3e année. Par l’entremise des jeux vidéo, cette plateforme enseigne les compétences essentielles préalables à la lecture. L’éducation « technologique » est un secteur difficile qui évolue rapidement. Notre plus récent défi a été d’inciter les leaders en éducation, qui développent aussi leurs propres systèmes et services d’éducation, à utiliser Squiggle Park avec leurs élèves en plus d’observer leur progrès en lecture tant au Canada que partout dans le monde.
Vous vivez au Canada, en Nouvelle-écosse, mais votre entreprise vous emmène souvent dans les capitales technologiques comme Silicon Valley et Boston. Pensez-vous que les Canadiens en font assez pour tirer parti des opportunités technologiques mondiales?
Mon secteur est la technologie et dans ce domaine, il est fréquent de voir des Canadiens voyager ou se relocaliser afin de tirer profit des opportunités technologiques mondiales. Peu importe l’industrie, l’action de s’intégrer dans un espace où les changements se produisent est vraiment important. Il faut s’entourer et côtoyer les vrais leaders et innovateurs pour permettre à votre entreprise d’apporter de nouvelles idées, systèmes et produits qui vous vous feront avancer. Un aspect tout aussi important est de recruter les meilleures personnes au sein de nos entreprises canadiennes. En investissant dans des leaders exceptionnels provenant des quatre coins du monde, nous ne renforçons pas seulement nos propres organisations, mais aussi l’avenir du Canada et les communautés dans lesquelles nous vivons.
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